Presse

The Guardian 23 janvier 2009 * * * * *
Un autocollant sur le premier album de Catrin Finch chez Deutsche Grammophon annonce sa performance comme « le premier enregistrement des Variations Goldberg de Bach à la harpe ». Malheureusement, son disque est arrivé quelques jours après la version de la même oeuvre au même instrument, jouée par Sylvain Blassel, et la comparaison est clairement à l’avantage de l’artiste français.
Alors que C. Finch a érit son propre arrangement de la partition de Bach originellement destinée au clavier, S. Blassel la joue telle quelle, sans la moindre concession face aux exigences techniques de son instrument. Et la différence a plus d’importance que vous ne pourriez le penser. Quand certaines variations parmi les plus rapides se dissolvent en effets sonores non spécifiés sous les doigts de C. Finch, l’articulation de S. Blassel est constamment plus habile et son phrasé plus éloquent. Ses qualités font qu’il nous propose une véritable version des Goldberg, en lieu et place de la nouveauté que nous sert C. Finch.
Le disque de S. Blassel nous offre également davantage de musique, puisqu’on y trouve aussi sa réalisation pour deux harpes des 14 canons, tous basés sur les huit premières notes de la ligne de basse du thème des Goldberg. Ce morceau utilise toute la gamme des techniques du canon, tel un prototype de l’Offrande Musicale que Bach allait écrire par la suite ; c’est un bonus fascinant. Andrew Clements.

 

 


 

New York Times 28 août 2009

(…) Les disques de Sylvain Blassel et Catrin Finch présentent tous deux de nombreuses qualités, chaque musicien offrant des performances à la fois expressives et virtuoses qui mettent en lumière la multitude d’atmosphères et la profondeur des 30 variations. Toutefois, les amateurs de Bach qui aiment ces pièces jouées au clavecin – ou au piano avec un touché vif et les pédales réduites au minimum – préféreront la performance de S. Blassel à l’interprétation romantique et plus tape-à-l’œil de C. Finch.

Le problème des résonnances propre à la harpe handicape davantage l’enregistrement de C. Finch. Ces résonnances noient certains passages dans un nuage impressionniste New Age, comme dans son interprétation rapide de la première variation. L’interprétation plus lente de la variation 25 par S. Blassel offre un son plus net. Le tempo plus modéré de la cinquième donne également un résultat plus propre que le tourbillon de C. Finch, dont la variation 8 disparait presque dans des vagues de résonnances.

La réalisation technique de ces deux disques joue également sur le résultat. La douceur du son de S. Blassel révèle une interprétation introspective et intime ; ses Goldberg paraissent ainsi très bien adaptées à la harpe.

Il est probable que certains auditeurs se demandent si des enregistrements des Goldberg sur de nouveaux instruments sont bien nécessaires et il se peut que les puristes considèrent que harpistes et marimbistes violent là un territoire sacré. Toutefois, les fans de ces instruments seront enchantés de pouvoir apprécier le chef-d’œuvre de Bach sur un terrain familier. Vivien Schweitzer.

 

 


 

 

BBC Music Magazine mars 2009 * * * * *
Les 30 variations de Bach, « quelques morceaux de musique d’un caractère calme et plutôt joyeux », se composent de neuf canons parsemés de fantaisies et de contrepoints plus rigoureux, tous basés sur l’harmonie de l’Aria jouée en ouverture. Jouer cette partition au clavecin est un véritable défi, et au piano, elle menace de vous emmêler les doigts. Son adaptation à la harpe relève du miracle, et le fait que deux jeunes artistes sortent simultanément deux versions indépendantes dépasse presque l’entendement.
De façon appréciable, les deux versions sont fidèles à la partition de Bach, bien qu’elles omettent occasionnellement une note, ou dans le cas de Catrin Finch, transpose parfois à l’octave.
Sylvain Blassel joue une harpe Erard – un magnifique son cristalin, même si sa mécanique centenaire grince fortement dans les moments les plus chromatiques (Variation 17). Son toucher sensible et expressif est parfaitement adapté pour montrer le détail des contrepoints. Les imitations sont facilement compréhensibles et la logique des canons est toujours claire, notamment dans le canon renversé (une voix répond à l’autre en mouvement contraire), qui précède le point central, une magnifique ouverture à la française. Les deux harpistes l’utilisent tel un pivot, marquant une pause pour créer une structure d’ensemble en deux parties.
S. Blassel ne marque quasiment pas de pause entre chaque variation, ce qui génère une sensation de continuité et de croissance constante. Les contrastes avec lesquels il fait ressortir la variété de tons est époustouflante : la Variation 5 est rapide et sotto voce, la Variation 27 est telle un soupir fantômatique. Il est rejoint par Fabrice Pierre pour jouer les 14 canons basés sur la même harmonie que l’Aria des Goldberg. Un plaisir à la fois pour les sens et pour l’esprit.
Le son de C. Finch est plus sec, ce qui certes éclaircit les passages rapides où la résonance de la harpe brouille la polyphonie, mais ses aigus éclatants dominent parfois des graves plus faibles.
S. Blassel supprime toutes les reprises, alors que C. Finch est totalement imprévisible: elle en joue certaines et en omet d’autres. George Pratt.


Musical Criticism 17 janvier 2009 * * * * *
Si les harpistes jouent régulièrement les oeuvres de Bach, cet enregistrement des Variations Goldberg par Sylvain Blassel ne se contente pas d’être une première, il démontre également à merveille à quel point cet instrument convient à la musique du Cantor.
La harpe, et tout particulièrement cette Erard de 1904 que joue S. Blassel, crée un univers sonore intime, grâce auquel on se sent davantage auditeur clandestin privilégié que simple public, et c’est ce qui constitue une des caractéristiques les plus plaisantes de ce disque. Cette intimité nous remémore l’histoire, maintes fois répétée, qui veut que Bach ait écrit ces pièces pour combattre l’insomnie du Comte Keyserlingk. Le caractère « calme et plutôt joyeux » de cette performance, tout en dépassant le stade de la simple berceuse, suffit à rendre plausible la vieille légende.
Il m’est toujours impossible de penser aux Variations Goldberg sans reconnaître le génie de Glenn Gould, et, bien que je ne m’aventurerai pas à faire de comparaisons entre S. Blassel et G. Gould, on peut tout de même relever quelques points communs intéressants.
Tout d’abord, aussi facile que cela puisse paraître, on peut noter le grincement de la chaise de S. Blassel, charmante illustration du degré d’intimité atteint sur ce disque. Ensuite, bien que plus difficile à quantifier, l’impression que les deux artistes nous donnent d’être complétement emportés par leur performance. Tout comme G. Gould, la technique de Sylvain Blassel est clairement excellente, et tout au long de cet album, il fait preuve d’une compréhension intuitive de la musique de Bach qui, selon moi, ne se dément jamais.
Le contrôle dont fait preuve S. Blassel est calme et étudié, il ne perd aucune des qualités linéaires ni des contrepoints de la musique en nuançant chaque ligne, leur conférant un caractère personnel, qu’il n’hésite jamais à rendre extraordinairement doux, même quand cela impose que la musique atteigne les limites de ce qui est possible à la harpe. Le moment le plus touchant intervient quand il joue l’Aria da capo: il nous donne l’impression d’avoir parcouru un voyage en nous faisant revenir à son point de départ, toutefois transformés par l’expérience. Cette impression est surprenante car le jeu de S. Blassel est si subtile que la gamme des émotions qu’il nous fait ressentir en chemin nous cueille de manière quasi subliminale. Bien sûr, les Variations Goldberg présentent d’innombrables strates de compréhension, et même ceux qui les écoutent régulièrement y trouvent sans cesse de nouvelles façons de les percevoir à chaque nouvelle performance. Sur ce disque, plus que tout, nous entendons la texture et les détails d’une nouvelle manière, la harpe ouvrant à cette musique un spectre de possibilités nouvelles et excitantes.
S. Blassel est accompagné par son professeur, Fabrice Pierre, pour jouer son propre arrangement des Quatorze Canons, retrouvés en 1974 dans une des toutes premières éditions des Variations Goldberg. Ces deux harpistes semblent communiquer par télépathie au sein de leur ensemble et sont aussi bien assortis artistiquement qu’au niveau de leurs instruments (F. Pierre joue une Erard de 1966), ce qui rend leur jeu fluide à l’extrême. Je pensais qu’il serait difficile d’écouter ces canons après les Variations Goldberg, toujours aussi magnifiques, mais, en réalité, ils sont tout simplement si bons, à la fois par leur contenu musical et par la performance présentée ici, que je n’ai pu qu’apprécier leur écoute dans la foulée.
Les Variations Goldberg et les Quatorze Canons constituent un programme merveilleusement équilibré et si bien exécuté que je suis certain qu’il plaira à tous ceux qui aiment Bach. Je me souviens de l’entretien de Glenn Gould qu’il avait donné à Tom Page après la sortie de son enregistrement des Variations Goldberg en 1981, dans lequel ils avaient discuté du débat entourant le fait de jouer des oeuvres de Bach au piano. G. Gould avait fait référence à l’appétit de Bach pour la transcription de sa propre musique et de celle des autres, pour affirmer qu’il était certain que Bach aurait pensé que l’esprit de la performance est plus important que sa sonorité spécifique. Gardant cette idée présente à l’esprit, j’espère sincèrement que cet enregistrement ne s’attirera pas les foudres des puristes. C’est en effet un projet magnifiquement réalisé, qui donne de nouvelles perspectives pour la harpe, comme pour ces superbes oeuvres. Ed Breen.


Gramophone Magazine mars 2009
Blassel’s in an exquisite reading: the Aria is played almost with a surfeit of warmth and delicacy, as if to impress the potential of its material upon the listener from the outset so as to allow a fuller savouring of the ensuing variations – which are all, without exception, played with a great feeling for overall architecture and interior expressiveness that recalls Hewitt and Tureck in equal measure.


The Independent On Sunday 15 mars 2009
The vogue for performing harpsichord music on a harp has reached its zenith in two recent recordings of the Goldberg Variations. Attractively paired with the « Fourteen Canons on a Ground Bass », Sylvain Blassel’s performance is slightly crisper than that of Catrin Finch. Her sweetly turned minor-key movements are persuasive and the quasi-orchestral grandeur of Variation 16 is remarkably successful. Despite this, the harp’s starry-eyed timbre steam-irons Bach’s textures into dreamy blandness. Anna Picard.


Classic Voice 27 gennaio 2009
Nonostante la sua giovane età – è infatti poco più che trentenne – Sylvain Blassel ha un curriculum straordinariamente ricco di esperienze musicali. Su tutto, basti ricordare la sua proficua collaborazione con Pierre Boulez e il suo Ensemble InterContemporain ! Appassionato di musica per arpa fin dall’adolescenza, Blassel oltre a specializzarsi in questo difficile strumento, si diploma in direzione d’orchestra e fonda l’Ensemble Transparence dedicando la sua attenzione in modo particolare alla musica del XX secolo. Ma il suo « primo amore » – l’arpa appunto – lo porta ad essere oggi l’unico protagonista di spicco net panorama strumentale europeo. Per questo CD dedicato alle celebri Variazioni Goldberg, Blassel non opera alcuna trascrizione ma trasporta la scrittura clavicembalistica nel complicato ordito della cordiera. Ciò dimostra di quanta tecnica sia dotata questo straordinario giovane francese! Alle Variazioni, si aggiunge la registrazione di due Canoni ritrovati nel 1974 in una copia manoscritta della Variazioni con quattordici Canoni, al posto dei 12 universalmente noti. L’incisione di questa « addenda » ha richiesto l’impiego di un secondo strumento, qui suonata dal maestro di Blassel, Fabrice Pierre, anch’egli celebre arpista e straordinario didatta. Mentre per le Variazioni Blassel utilizza una meravigliosa arpa Erard del 1904, per i Canoni, Fabrice Pierre impiega una delle ultime arpa costruite da Erard del 1966. Questo magnifico strumento esce dalla famosa fabbrica francese il cui capostipite, Sébastien Erard, contemporaneo di Mozart e Beethoven, perfezionò e brevettò l’arpa moderna.